Chers camarades,
Après avoir posé aux occupants du parc Gezi un ultimatum de 24 heures pour quitter la place hier soir, Tayyip Erdogan a ordonné à la police l’ordre d’évacuer immédiatement les lieux par la force.
Celle-ci a couvert l’ensemble du parc d’un déluge de bombes lacrymogènes pour ensuite sortir de manière extrêmement brutale les occupants du parc.
Ceux qui se sont réfugiés dans les rues adjacentes ont été poursuivis une grande partie de la nuit.
Des ambulances ont été réquisitionnées pour approvisionner la police en gaz et les médecins volontaires ont été interdits sur les lieux des affrontements.
Plusieurs hôtels à proximité (Hilton, Divan…) qui ont ouvert leurs portes aux blessés et aux premiers secours, ont été assaillis par les forces de l’ordre à grand renfort de canons à eau et bombes lacrymogènes avant de se faire occuper à leur tour par la police.
Des bombes lacrymogènes ont été tirés y compris dans les hôpitaux, notamment l’Hôpital allemand à proximité de la place Taksim.
Depuis ce matin la place Taksim est bouclée par la police et le gouvernement a fait savoir que tout manifestant s’en approchant serait considéré comme un « terroriste ».
Le pont sur le Bosphore est fermé, et les plusieurs milliers de personnes qui l’on traversé à pied ont été refoulées à leur arrivée sur la rive européenne.
A Ankara et 60 villes de province la population est massivement descendue dans la rue en soutien aux évènements de la place Taksim et la répression policière est très sévère dans de nombreux endroits.
A 16 heures ce dimanche les manifestants appellent à un rassemblement à haut risque dans le quartier de Besiktas.
L’Akp, le parti d’Erdogan, mobilise de son côté depuis une semaine une contre-manifestation dans les faubourgs d’Istanbul.
Dans un pays où la presse est soit dévouée au régime en place ou docile (CNN international vient de dénoncer sa franchise avec CNN Türk qui avait jugé préférable de passer à l’antenne un reportage sur les pingouins de l’antarctique que de diffuser les évènements de la place Taksim le premier jour d’émeute), les médias sociaux sont le seul moyen efficace pour être informé.
La négociation et le compromis ne sont pas des notions desquels la Turquie est coutumière de par son passé historique.
La situation est extrêmement tendue et des affrontements brutaux sont à craindre dans les heures mais aussi les jours qui viennent.
Marie-Rose KORO
Comment pouvons nous l’y aider? Devons nous l’aider? Mérite -t-il seulement d’être aidé?
Au sujet de la traduction politique, le CHP (parti d’opposition) n’est pas totalement absent. De nombreux responsables du CHP sont parmi les manifestants, un a été sévèrement blessé dans la nuit. Ils font des propositions qui sont malheureusement pas ou peu médiatisées. La principale difficulté relève du corps même des manifestants qui selon les enquêtes de Bilgi et de Bianet se veut totalement apolitique et refuse toute récupération du CHP (en particulier la jeunesse, dont beaucoup de mes étudiants, qui souhaite rompre avec la tradition autoritaire des dirigeants turcs). La plateforme taksim, plus ou moins leader du mouvement, en est le reflet.
Loin de moi l’idée de défendre le CHP mais ce dernier de par ses divisions internes et son passé tout autant autoritaire, a du mal à trouver sa place dans le mouvement.
Maintenant se pose la question fondamentale de Pascal, devons-nous et pouvons-nous les aider ? J’avais souhaité mettre en place un stand PES à Gezi à côté de tous les stands politiques. On m’a refroidi, car notre place n’est certainement pas sur le devant de la scène. La première chose que nous pouvons faire en effet est de demeurer en retrait dans cette révolte qui est la leur. Ceci pour deux raisons, premièrement, pas de leçon à donner de notre petite section (l’UE a fait une résolution, travail accompli); deuxièmement, le contexte ‘agents étrangers conspirateurs’ véhiculé par Erdogan ne doit pas être alimenté. Des discussions avec des responsables des confédérations syndicales KESK et DISK m’ont conforté dans cette idée.
A mon sens, la seule et la meilleure chose à faire de notre section de 25 personnes (excepté la diffusion de l’info via les réseaux sociaux), c’est de faire venir une personne importante du PS, question de rencontrer la branche sociale démocrate du CHP. Cela permettrait de donner plus de poids médiatique au CHP et à ses propositions, et également de le faire mieux accepter des manifestants. Petit bémol, pas vraiment à nous d’imposer une visite, le CHP devrait, ou aurait du, nous solliciter …
Virgile Mangiavillano